Le øFF – OCT/NOV21
- Batuk – Deep Ocean Deep
- Scylla ft Rive – Sauvage
- Pa Salieu – Shining
- Martin Luminet – Magnifique
- Lex Amor – Rocks
- Lonepsi – Aveugle
- Black Low – Jaiva Low
- Tim Dup – Moïra Gynt
- Ibrahim Maalouf – Maeva In Wonderland
Nous voilà bien longtemps après la précédente playlist, et en effet de l’eau a coulé sous les ponts.
Pour cette playlist automnale, nous allons osciller entre le renouveau de la musique pan-africaine et le sentimentalisme francophone. Alors faites vous un bon thé chaud ou un grog, sortez la couette, et c’est parti pour un voyage au fond de vous-même.
Commençons doucement avec les seigneurs du rythme que nous avons déjà croisé dans une précédente playlist. Un groupe venant d’Afrique du sud et portant le nom d’un tambour : Batuk.
C’est avec le titre Deep Ocean Deep que nous plongeons dans un océan de pensées et de réconfort autant contradictoire qu’efficace.“Hold me tightly, We can be free“.
Au fond de cet océan, le calme vient à être brisé par le piano répétitif et mélancolique de Sofiane Pamart. Sur ces quelques notes légères, vient la voix sifflante et fraîche de Rive puis celle de Scylla rauque et rassurante. Un cocktail de contraste donnant un équilibre presque parfait à un texte honnête, invitant à lâcher prise dans ces profondeurs sombres et calmes, et à redevenir un peu plus sauvage…
Allez, remontons un peu et reprenons un peu d’énergie avec Pa Salieu, jeune artiste gambien/britannique que nous avons aussi croisé dans une des playlists précédentes. Inutile de le présenter une seconde fois, prenons juste le rythme timide et sensuel pour s’inventer une danse chaleureuse.
Timide et sensuel, c’est aussi ce que l’on pourrais dire de Martin Luminet, s’il ne dévoilait pas toutes ses réflexions personnelles et solitaires de manière on ne peut plus honnête. En effet, l’auteur-compositeur et interprète français se livre entièrement sur ses doutes, ses erreurs, ses échecs, et toutes les questions que l’on se pose sur nous-même quand les choses nous paraissent inatteignables ou douloureusement réelles.
Après ça, petite pause. Pour se remettre de ces émotions retournons un peu du côté de Londres où visiblement la culture africaine à décider de se réinventer. C’est en tout cas ce que l’on peut en déduire en écoutant Lex Amor. Rappeuse faisant sonner les mots comme de véritables instruments, au travers d’une voix calme et retenue. Son titre “Rocks“ donne une intransigible envie de bouger librement et d’improviser avec le corps ce que la voix ne peut dire.
Et pourtant elle peux-dire bien des choses cette voix. Surtout celle de Lonepsi.
Le poète français à la plume sentimentale, poétiquement imagée, et magistralement pertinent, déclare sa flamme à la solitude, ou peut-être même à la cause de sa solitude. Comme si le plus intéressant était d’y plonger comme on plongerais dans un grand gouffre dans lequel la chute seras infinie et indolore. Oui, ce titre peut-être rangé dans la catégorie “chansons de love à rendre triste n’importe lequel des moments les plus drôle de ta vie“, mais il n’en est pas moins touchant et beau. Alors on se calme et on fait des concessions.
C’est bon ? On a pris la dose de nostalgie et de poésie ? Alors c’est encore une fois le moment de sortir son plus beau déhanché et de repartir en Afrique du Sud, mais cette fois avec DJ Black Low.
Ici, nous allons un peu à contre-courant, on flirt avec le jazz, l’afro house et surtout le kwaito, joué de manière minimaliste et rudimentaire dans un style amapiano novateur. (Si vous n’avez rien compris à cette phrase voilà un article de MixMag qui vous fera un petit brief rapide)
Vous l’avez compris, cette playlist paradoxale est un alternat équilibré entre déhanché chaleureux et réflexions profondes. Alors maintenant, partons pour une ligne de batterie bien jouissive, une ambiance synthétique portée faiblement par un fond de piano. C’est Tim Dup qui nous embarque dans une tirade pour un amour inexistant et impossible, une utopie folle dans laquelle nous nous sommes sûrement tous déjà trouvé. Celle d’un fantasme parfait, celle qui nous donne l’impression de peut-être toujours passer à côté de ce qu’il nous faudrait ou de ce qu’il faudrait que nous ayons.
Passer à côté de la vie qu’il faudrait que nous vivions. Peut-être la meilleure solution pour passer à côté de la vie que nous vivons. Alors “je n’attendrai pas, je rentre dans les ordres“.
Merci Tim Dup.
Enfin, finissons cette plongée au fond de nous-mêmes avec encore une fois un artiste que nous avons déjà écouté il y a peu de temps : Ibrahim Maalouf et sa trompette au quart de ton.
Cette fois, c’est le moment de lever ses fesses de dessous la couette, poser le grog de mamie, et reprendre sa vie en main. Attention voyage en prévision, presque comme une belle partie de jambes en l’air : ça va guincher au rythme des tambours à la sauce balkanique avec chœurs et fanfare, accélérer, ralentir, encore ralentir et accélérer de nouveau, pour finalement ralentir et ré-accelerer. Comme pour emporter les sentiments avec un piano mélancolique, prémices d’un groove bien funky entre les Andes et son cuatro et Cuba avec ses cuivres fiévreux. Nous savons où nous commençons, mais pas où cela fini, peut être sur un samba presque tango, bref… Ça part dans tous les sens, et ça se danse finalement très bien. Pour une fin de playlist qui, je l’espère, se terminera bien pour vous aussi.
On se revoit je ne sais quand. Peut-être bientôt ou peut être avant. Bonne écoute.
L'illustration_
Illustration : Jolan Berard
Typographies :
Carosello par Unio
Tropikal par Gabriel Reyes